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  • Pauline Savéant

Bouquins et bord de mer : la sélection littéraire de PEPA pour l’été

« La mer est ton miroir ; tu contemples ton âme

Dans le déroulement infini de sa lame,

Et ton esprit n’est pas un gouffre moins amer. »

« L’homme et la mer », Les Fleurs du Mal, Charles Baudelaire

Mouvement de la mer et mouvement de l’âme : Baudelaire les assimile aisément dans ces quelques vers. La littérature regorge de descriptions comme celle-ci. La mer a en effet inspiré de nombreux poètes et romanciers à travers les siècles, depuis Homère avec sa fameuse Odyssée, en passant par Hemimgway avec Le vieil homme et la mer ou encore le célèbre roman Moby Dick de Melville.


La période estivale vient de débuter, et avec elle les longues journées au bord de l’eau. C’est pourquoi PEPA vous propose une petite sélection littéraire composée de romans qui racontent, évoquent, décrivent la mer. A lire au bord de la mer, bien évidemment !


Partir en mer

« MARIUS : Alors tu crois que je ne t'aime pas, quand je te fais un si grand sacrifice ?

FANNY : Je crois que tu m'aimes. A ta façon. Mais je sens bien que cette corde qui te tire ne se cassera jamais. Moi, je n'ai pas la force de te retenir… Et alors, puisqu'il te faut ta liberté, au moins que ce soit moi qui te la donne. Puisque c'est la mer que tu préfères, marie-toi avec la mer. Nous verrons plus tard… »

Marius de Marcel Pagnol

Marius a « une folie » pour la mer, malgré son amour sincère pour Fanny. Cette célèbre histoire d’amour a pour cadre le port de Marseille et la mer y joue une place centrale. Elle est ici synonyme de passion, d’évasion, voire de fuite : Marius rêve d’ailleurs, de quitter son quotidien, ses responsabilités, sa famille… L’histoire de s’arrête pas là pour autant. Si la première pièce vous plaît, poursuivez vos après-midi lecture avec les deux suivantes, Fanny et César, où la mer est toujours au rendez-vous.


Naufrage en mer

« L’île avait à peu près la forme d’un bateau ; ramassée sur elle-même du côté où ils se tenaient, elle dévalait derrière eux vers la côte dans le désordre de ses roches. Ses deux côtés, des rochers, des falaises, des sommets d’arbres et des pentes raides ; […]

Les garçons observèrent ce cadre, puis regardèrent la mer. Ils étaient sur une hauteur. L’après-midi tirait à sa fin. Aucun mirage ne brouillait la vue. »

Sa Majesté des Mouches de William Golding

Les enfants de Sa Majesté des Mouches ne sont pas des Robinson Crusoé ou des héros comme dans Vendredi ou la vie sauvage. Le naufrage au début du livre peut pourtant nous faire penser à ces célèbres romans d’aventure : des êtres humains livrés à eux-mêmes sur une île déserte avec la mer comme frontière. Mais nous avons ici affaire à un véritable antiroman d’aventure. William Golding y détruit le mythe de l’innocence de l’enfance et dresse un portrait très noir des vertus de la civilisation et de la vie en communauté. Cette contre-utopie se dessine comme une frappante allégorie de la lutte entre démocratie et totalitarisme…

La mer et la mort

« La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m’a semblé que le ciel s’ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s’est tendu et j’ai crispé ma main sur le révolver.»

L’Etranger d’Albert Camus

Le personnage principal Meursault vit en Algérie française où son quotidien est rythmé par le travail, le repos dans son appartement et les sorties à la plage. Les sensations du personnage apparaissent dans son attitude face à la mer. Associée au soleil, cette dernière semble être source de vie dans les moments de détente qu’il partage avec sa fiancée Marie. L’eau est associée au plaisir et à la jouissance. Puis la situation se renverse. Toujours avec son allié le soleil, la mer peut aussi reprendre la vie : ils font perdre à Meursault la raison et le poussent à tuer un homme. Son singulier procès commence alors.

La mer et l’amour

« Il me renversa doucement sur la bâche. Nous étions inondés, glissants de sueur, maladroits et pressés ; le bateau se balançait sous nous régulièrement. Je regardais le soleil juste au-dessus de moi. Et soudain le chuchotement impérieux et tendre de Cyril... Le soleil se décrochait, éclatait, tombait sur moi. Où étais-je ? Au fond de la mer, au fond du temps, au fond du plaisir... J’appelais Cyril à voix haute, il ne me répondait pas, il n’avait pas besoin de me répondre. »

Bonjour tristesse de Françoise Sagan

La narratrice, Cécile adulte, raconte ses dernières vacances sur la Côte d’Azur. Elle est alors une jeune adolescente qui expérimente sa propre conception du sentiment amoureux : elle ne voit l’amour que dans l’instant présent, la légèreté et le plaisir que cela lui procure. Ses doux souvenirs d’adolescence sont bien différents des sentiments amoureux que son père porte pour son amante Elsa : l’amour comme alternative à la solitude. Toutes ces péripéties amoureuses, aussi complexes soient elles, se confondent avec le contexte estival de vacances au bord de mer, rythmé par la chaleur du soleil sur la plage et les vagues sur les corps brûlants.

Des hommes à la mer

« Le second avait dit juste : la mer était sauvage. Elle n'était pas en furie, elle ne cherchait pas à engloutir à tout prix les hommes, elle vivait simplement sans en tenir compte. »

Eldorado de Laurent Gaudé

Un roman frappant qui fait écho à un sujet d’actualité : Eldorado de Laurent Gaudé traite des migrations clandestines en Méditerranée et l’accueil de ces hommes en Europe. L’accent est mis sur l’Italie et la fameuse île de Lampedusa durant les années 2004 et 2005. Gaudé comme à son habitude entremêle plusieurs histoires : celle du commandant des navires des garde-côtes et celle d’une jeune migrante ayant perdu un enfant. La rencontre des deux personnages est à l’origine de surprenantes péripéties en Italie comme dans le Nord de l’Afrique. Cette histoire pleine d’humanité nous rappelle que la Méditerranée ne doit pas être une frontière.

Les hommes de la mer

« Mais bientôt l’ancre fut presque hissée ; bientôt elle fut suspendue, toute ruisselante, à l’avant de la goélette ; bientôt les voiles se gonflèrent, et la terre et les bateaux défilèrent des deux côtés. Avant que j’aie pu m’étendre pour prendre une heure de sommeil, l’Hispaniola avait commencé à voguer vers l’Ile au Trésor. »

L’Île au Trésor de Robert Louis Stevenson


Flibustiers, corsaires, marins, chasseurs de trésor… la littérature n’est pas avare en histoire de piraterie ! Et toutes leurs trépidantes aventures ont bien entendu en toile de fond la mer. Elle est le vaste espace à dompter, le symbole de danger. Mais elle est aussi leur quotidien et l’inévitable chemin à traverser pour parvenir au bout de leur quête. Navire, carte, île, trésor… voici les éléments caractéristiques de toute bonne histoire de pirate. L’Île au Trésor de Stevenson est une des œuvres emblématiques du genre. En effet, le parcours du jeune Jim Hawkins au côté du capitaine Johns Silver est un long périple vers une mystérieuse île…

 

Crédit photo : La Grande Vague de Kanagawa d' Hokusai

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