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  • Pauline Scié

Quand l'animation a un message à faire passer

Alors que les films d'animation sont encore parfois assimilés à des films pour enfants, des productions ont su au fil des ans faire de ces films un genre à part entière. Que ce soit Pixar avec des œuvres telles que Là-Haut (2009) ou Vice Versa (2015), ou les studios Ghibli dont les œuvres font toujours preuve d'une grande poésie à l'image du Conte de la princesse Kaguya (2013) ou de l'incontournable Tombeau des Lucioles (1988). Plus que la beauté du trait et la finesse de l'animation, les films sont porteurs d'histoires et d'émotions profondes.


Avec l'engouement que représente ce genre chez les petits et grands, beaucoup de films sont loués pour leur qualité et leur inventivité. Mais tous ne se limitent pas à un simple récit conté. Ainsi, Mary and Max, film d'animation sorti en 2009, réalisé par Adam Elliot, raconte l'histoire d'une amitié entre deux personnages faits de pâte à modeler. L'esthétique joue sur un dégradé de noir et blanc, et un dégradé marron, tous deux ponctués de touches de couleur rouge. Le film aborde différentes thématiques telles que celle de la solitude, des relations humaines, de la différence et de la maladie sous diverses formes (comme l'alcoolisme ou le syndrome d'Asperger). Deux êtres opposés géographiquement, mais aussi de par leur âge et leur sexe, se croisent pour tenter de comprendre le monde qui les entoure.





Avec ces thèmes difficiles, le film s'adresse plus largement à un public adulte. Le dessin n’est pas simplement un décor, il est aussi un support.

Des séries animées à destination d'un public adulte ont vu le jour depuis bien longtemps, et pour ne citer qu'une d'entre elles Les Simpson de Matt Groening. Plus récemment, c'est la série Rick and Morty, diffusée depuis décembre 2013, qui se retrouve au centre des discussions. Cette création de Justin Roiland et Dan Harmon est l'histoire d'un grand-père scientifique, Rick Sanchez, et de son petit-fils, Morty Smith, qui partagent leurs journées entre leur garage transformé en atelier, l'école et des aventures inter-dimensionnelles. Chaque épisode se révèle être une histoire à part entière qui ne saurait être résumé à un simple synopsis. Les questions soulevées, les remarques balancées, et l'humour noir viennent délivrer une analyse du monde actuel à travers une famille dysfonctionnelle. Le sens de la vie, l'identité, l'existence de plusieurs réalités, la politique ne sont qu'une partie des thèmes abordés par la série qui ne dépeint au final qu'une palette infinie d'humains.



Teaser saison 1

Le dessin adoucit alors les propos durs et crus qui peuvent être tenus par les personnages. L'animation vient sublimer l’œuvre, souligner le propos, ce qui est aussi le cas dans le clip Poisson étrange de Disiz la Peste. Réalisé par Rosalie Pruvost, le clip fait référence à Alan Kurdi un enfant syrien de trois ans retrouvé mort sur une plage turque en septembre 2015. La figure du petit garçon se mélange à celle d'un poisson nageant entre des coraux qui se transforme en mains. Les références à cette tragédie sont nombreuses : les couleurs rouge et bleu rappellent la tenue de l'enfant, sa silhouette, les flots, un bateau de réfugiés, etc. Ces scènes décrivant un événement marquant de la crise des réfugiés, questionnent sur le regard des sociétés contemporaines face à ce drame et leur inaction.

Les maux du monde sont dénoncés par les paroles et le dessin avec notamment la représentation d'un dieu (Poséidon ?) qui semble indifférent aux corps qui l'entourent préférant se détendre dans son luxe.



A son tour, Stromae utilise le dessin pour faire passer un message dans son clip Carmen, de Sylvain Chomet, datant de 2015. L'utilisation des réseaux sociaux, et leur influence sur nos vies sont au cœur du propos de l'artiste. Sous la représentation d'un oisillon bleu, symbole de Twitter, le personnage se trouve un ami qui va être de plus en plus embarrassant et oppressant avec le temps. La mise en garde est lancée pour prévenir du renfermement sur soi.





Nombreuses sont les œuvres et divers sont les supports qui ont adopté l'animation comme médium pour raconter une histoire. Comme avec des caricatures ou du street-art, tel que celui de Banksy, les images font l’œuvre. Elles incarnent le propos, et offrent un nouveau support qui marque les esprits par la douceur de leurs traits, du moins dans cette sélection. Le spectateur se concentre sur l'image, suit le mouvement qui peut sembler enfantin mais qui n'attend que d'être vu pour se livrer.


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