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  • Elvire Colin-Madan

Instagram : le réseau novateur (Part.I) Molifernyx, créatrice freelance

Instagram est un tremplin pour les jeunes créateurs et aujourd’hui, c’est avec Molifernyx, une graphiste en freelance que nous allons questionner la place d’Instagram dans sa vie de créatrice.


Instagram est un réseau social qui permet aux utilisateurs de poster des photos, des petites vidéos et de commenter mais aussi liker celles des autres. La plateforme compte près d’1 milliard d’utilisateurs actifs par mois, pour 500 millions par jour. 4,2 milliards de like serait comptabilisés par jour, et 95 millions de photos et vidéos seraient postées au quotidien. Ces chiffres [1] peuvent paraître immenses, mais ils montrent bien l’importance du réseau social.


Instagram, c’est aussi une multitude de compte tous différents : des particuliers, des institutions ou encore des marques. On peut alors suivre ses amis, des personnes publiques, des influenceurs/influenceuses, ou encore, des comptes comme celui de Molifernyx ; de jeunes créateurs qui se lancent en freelance dans leurs productions.



- Son parcours -


Moli est son pseudo, elle a 26 ans et est originaire du sud. Elle a commencé ses études à Lyon (manaa/BTS) puis est ensuite montée à Paris, en premier temps pour suivre son meilleur ami, puis ensuite pour faire une licence de Graphisme à l’EPSAA à Ivry-Sur-Seine(École professionnelle supérieure d'arts graphiques - Ville de Paris, publique). Cette école « prépare un diplôme avec un programme en un an, le post diplôme digital, pour les gens qui ont déjà un diplôme (comme moi le BTS) et qui voudrait se perfectionner. » Après son année dans cette école, elle a trouvé un job en agence, dans lequel elle travaillait lors de l’interview, mais qu’elle a quitté à l’heure où cet article est publié pour se lancer en freelance. Durant ses études, elle a aussi fait du bénévolat dans une association féministe Les Aliennes, ce qui marquait déjà à l’époque son militantisme.


Dans son travail en agence, ils étaient cinq employés ce qui lui a permis d’apprendre beaucoup, mais aussi de réaliser qu’elle ne voulait pas « finir » sa carrière dans une entreprise. À côté de son travail en agence, elle a ouvert une boutique Etsy. Elle se disait « il faut que je me rattache à quelque chose d’extérieur pour tenir ; un peu comme une porte de sortie qui pourrait me permettre de sortir de tout ça. C’était ma petite bouée, Etsy, pour garder le moral. » Sur cette boutique, elle vend principalement des stickers et des prints.

Capture d’écran de sa boutique Etsy


Petit à petit, ça a commencé à prendre de l’ampleur et elle a donc continué à créer des stickers, mais aussi à faire des concours avec des amies qui avaient un peu plus d’influence qu’elle sur Instagram (notamment Tiffany Kats, une YouTubeuse qui l’a beaucoup aidé). Le gros tournant a eu lieu pour elle lorsqu’elle a commencé à sortir des gifs pour Instagram. Au départ, c’était « plus pour le fun que pour autre chose », mais le lendemain, elle avait plus de 10 millions d’utilisation ; et lors de l’interview, elle en était à 800 millions. À partir de là, elle a eu plusieurs retours de différentes personnes, et les commandes ont commencées. Il lui arrive aussi de réaliser des logos (pour des agences par exemple). Elle reçoit quasiment toute les demandes par Giphy ou par Instagram.


« Je flippe pas mal de me lancer dans le freelance, mais mes parents me font confiance. Je me suis dit “ok, je le fais à la fin de l’année : après Tokyo, je me lance”. J’ai senti qu’à Tokyo j’allais trouver la réponse, et en rentrant, je me suis lancée. Je l’ai annoncé à mes parents et mon père m’a dit “fonce, tu as tout le talent pour y arriver”. »


- Est-ce que tu arrives à gagner ta vie grâce à la promo Instagram ? ‑


Quand on travaille en freelance, on devient très indépendant. Les gens la contactent via ses créations ; elle ne travaille donc qu’avec des gens intéressés qui la choisissent car ils aiment ses productions. Pour elle le plus dur reste la question monétaire : car pour l’instant si les clients viennent à elle, Instagram va vite et la nouveauté attire beaucoup, donc c’est toujours un peu effrayant de se lancer dans une mouvance.


« En soi, ces derniers mois j’ai réussi à me faire un petit salaire, je me suis même fait plus que ce que je me suis fait en agence. C’est assez irrégulier, mais ça m’a rassuré pour la suite, disons que je pouvais me lancer un peu plus sereinement. Le seul problème ; c’est est-ce que ça va durer dans le temps ? […]J’ai peur de ne pas réussir à démarcher, que personne ne vienne vers moi. La question de l'éphémérité (avec les gifs) peut aussi se poser. »


De plus, la question de l’importance de l’algorithme par rapport à la promotion d’Instagram sur certains posts reste aussi en suspens : « Peut-être que l’algorithme d’Instagram fait passer des publications avant d’autres ; que ça remonte les gros comptes, et que ça laisse les petits derrières ; je ne sais pas. Plus tu likes un compte, plus ça apparaît ensuite. Et même si on ne sait pas trop comment ça fonctionne, parfois ça fait des flops, et peut être que c’est lié. »




Mais pour Moli, être en freelance c’est aussi se réveiller la nuit et être trop excitée de vivre cette expérience pour se rendormir. C’est aussi défendre une cause grâce à son travail, partager sa vision des choses, et réaliser les projets qu’elle n’avait pas pu aboutir jusqu’à maintenant.


Instagram, c’est aussi l’entraide. Le compte @lesouriredemarcel avait mis en place un calendrier dans lequel 24 créatrices offraient chaque jour, à tour de rôle, une de leurs créations durant le mois de décembre 2018. « On s’aide tous les jours, et je pense que le groupe va continuer à garder contact, même si le concours est terminé. » @gangdebiches avait aussi partagé son compte. Ce compte propose des « mox » (magazine+box) et les deux fondatrices font vraiment un chouette travail.



- Son lien au féminisme –


« J’ai fait du bénévolat pour une association féministe. C’est ma ligne directrice, mon combat de tous les jours. Je suis tombée dedans très tôt avec le harcèlement de rue (notamment à Perpignan), et dès 14 ans, ce thème me touchait. À partir du moment où je suis sortie seule dans la rue, ça m’est arrivé dans la gueule. À Lyon aussi, il m’est arrivé quelques histoires et malheureusement c’est toutes ces histoires réunies qui m’ont amené à créer ainsi. […] Je ne sais pas trop m’exprimer à l’oral, pas trop à l’écrit et pour moi le monde de l’image c’était le moyen le plus percutant, pour moi, pour parler du féminisme. »


Pour Moli, les stickers sont peut-être juste des morceaux de papier qui collent, mais grâce auxquels elle reçoit des messages de jeune femme disant « merci, ça me motive » ou encore « je suis dans un amphi, j’ai mon sticker et j’ai l’impression qu’on m’emmerde moins ». Elle a fait du graphisme pour pouvoir changer les choses : avec un fanzine ou un sticker, elle peut véhiculer ses idées.



Je lui ai demandé de me citer 5 mots pour décrire son travail :

- Féministe - Coloré – Positif - Culoté - Motivant




- Une idée pour l’avenir ? –


« Ça ira où ça ira. Si ce n’est pas sur Instagram, ça sera autre part. Pour ma part, je pense que Facebook va couler, Snapchat est aussi en train de couler, et je ne sais pas, pour Instagram j’espère que ça va durer un peu, et que ça va évoluer. J’espère aussi que ça ne va pas devenir élitiste, ou devenir comme YouTube (c’est devenu très compliqué pour les créateurs). La plupart de mes potes qui sont sur Youtube ont des bâtons dans les roues. Pour l’instant Instagram est assez libre, sans trop de censure, ou du moins, avec une censure plus légère. Ce qui me fait peur c’est qu’Instagram deviennent un peu comme Youtube premium : d’un côté je comprends, ça permet aux créateurs d’avoir un budget pour réaliser ce qu’ils veulent, mais forcément, de l’autre côté, on peut aussi leur tomber dessus. Il faut se mette à la place du créateur mais aussi à celle de la communauté : c’est vraiment difficile. Heureusement pour l’instant sur Instagram, c’est du contenu gratuit : liker, suivre ; ça ne coute rien et c’est merveilleux. On peut découvrir le travail de quelqu’un qui est en Pologne par exemple et ça c’est top. De mon côté, la plupart des clients sont américains par exemple (pour les gifs principalement). »



- Le top 3 de ses comptes préférés –



« Martinamartian »

car c’est elle qui a inventé les challenge du type un template et où il fallait ajouter des gifs

pour décrire sa journée etc … et qu’elle est aussi très positive, colorée et féministe




« T’as pensé à »

rien à voir avec le graphisme, mais la charge mentale

« c’est vraiment un truc qui me rend folle ! »




« Ricardocavolo »

car c’est son artiste préféré ; c’est un illustrateur de Barcelone, qui fait un travail très

politique, et militant, notamment en utilisant la pop-culture.

 


[1]https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-instagram/


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