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Pauline Scié

« Les voyages sont nécessaires à la jeunesse pour apprendre à vivre dans le monde. »


Furetière dans son Dictionnaire universel de 1690, exprime (déjà !) l'idée que les voyages forment la jeunesse. Ils sont toujours aujourd'hui synonymes de découverte, d'enrichissement et leur impact sur les jeunes est important. En effet, d'après une étude réalisée par l’Ifop(1), en septembre 2016, 64% des étudiants seraient disposés à quitter la France pour étudier à l’étranger, et jusqu’à 74% d’entre eux seraient enclins à y travailler.


Cela a été facilité par le programme Erasmus, qui a simplifié les démarches pour les étudiants qui ont décidé de poursuivre leurs études dans un autre pays que la France, pour une période allant de trois mois à un an. En 2015, ce sont 33 pays et plus de 300 000 étudiants qui ont été concernés par ce programme. Il occupe aujourd'hui une place importante dans la vie étudiante comme en témoignent les soirées Erasmus qui fleurissent un peu partout. Ce phénomène intègre jusqu’à la culture populaire à travers des œuvres comme le film L’Auberge Espagnole de Cédric Klapisch, ou la bande dessinée Journal d’un étudiant français à l’étranger d’Amaia Arrazola et Raquel Piñeiro.

PEPA a donc décidé d’aller à la rencontre de plusieurs étudiants pour qu’ils témoignent de leurs expériences.


Dans certains cursus, la mobilité est un facteur important, comme en école de commerce, d’ingénieur ou à l’université… Un séjour à l'étranger est en effet fortement recommandé, voire obligatoire. Il existe alors deux possibilités :

  • Partir pour un ou deux semestres : c’est le cas de Lucie, une étudiante en LEA à Aix-en-Provence, qui vient tout juste de s’installer à Édimbourg en Écosse pour un séjour Erasmus d'un semestre. Elle nous a livré ses premières impressions : « Il y a plusieurs choses auxquelles je ne m’attendais pas. Les Écossais sont attentionnés et toujours prêts à t’aider. L’université est très bien organisée avec l’association étudiante très présente pour les nouveaux, ou la bonne communication entre élèves et administration. Je m’attendais à être seule les premiers temps. Au contraire j’ai vite sympathisé avec ma colocataire et d’autres étudiants. » Pour résumer, elle nous dit : « Je me suis globalement vite adaptée. Mais c’est surtout grâce aux démarches de l’université qui organise ce qu’ils appellent la Freshers Week : c’est une semaine de sorties, de visites de la ville et de festivités ! Donc pour l’instant cet échange Erasmus correspond bien plus qu’à mes attentes ! »

  • Faire un stage : Zélie, une étudiante en sciences politiques sur le campus franco-allemand de Nancy, a effectué un stage d'un mois en Allemagne, à la rencontre de réfugiés : « En première année c'est obligatoire de faire un stage d'un mois. Je suis partie à Berlin et j'ai travaillé bénévolement dans une agence de cours de langue allemande et de formations. Elles se sont développées ces dernières années en Allemagne afin de répondre à l'immigration massive des réfugiés et de les intégrer dans la société. » Quant à Thibaud, étudiant en master de Management International à l’IAE de Saint-Etienne, il est parti 17 mois à l’étranger sur l’ensemble de ses études dont 6 mois de stage en Chine. Il s’est confié sur son séjour en Shanghai : « Je voulais absolument aller en Asie à la suite d’un voyage en Corée du Sud où j’ai adoré la culture. Je suis parti avec plein d’à priori et je suis revenu sans. » Ce qui l’a marqué durant son séjour c’est principalement la découverte du pays : « A mon arrivée, j’ai eu du mal à m’adapter à l’immensité de Shanghai, qui est la ville la plus peuplée de Chine. J’ai vécu un choc culturel profond notamment à cause du regard des gens : étant grand et blanc, j’attirais l’attention, ce qui se traduisait par des photos demandées ou volées. Au début on s’étonne, et après ça devient la routine ! Ne parlant pas chinois, j’ai eu énormément de mal à communiquer surtout dans la vie de tous les jours. Par exemple, un soir j’ai essayé de prononcer mon adresse à un chauffeur de taxi. Résultat : je me suis retrouvé dans un quartier qui n’était pas le mien… à 3h du matin ! » Thibaud est conscient de la chance qu’il a eu de réaliser son stage en Asie : « J’ai essayé vraiment de mettre mon temps libre à profit afin de découvrir au maximum le pays et la culture. Ça s’est traduit par des voyages pour découvrir la Chine : la région de Pékin, la Grande Muraille et le Sud, qui est plus exotique et tropical. Mais aussi par des activités plus communes comme l’incontournable jeu de dés, très populaire en Chine. »


En ce qui concerne les études qui touchent au domaine médical, beaucoup d'étudiants choisissent de quitter la France pour suivre les cours dans un autre pays de l'Union Européenne. Le diplôme est équivalent, mais les modalités d'inscriptions sont simplifiées. C'est pourquoi, Camille a décidé de suivre sa formation pour devenir kinésithérapeute à Gérone en Espagne : « En France c'est compliqué de rentrer dans une école pour devenir kiné. J’ai donc préféré tenter ma chance là-bas. Je n'étais jamais allée à l'étranger avant et je voulais découvrir des nouvelles personnes et une nouvelle culture. » Alors qu'elle commence sa troisième année, Camille s’est confiée sur les avantages et les inconvénients des études à l'étranger : « Les avantages sont, je pense, le fait de rencontrer de nouvelles personnes et de s'ouvrir sur le monde. Cela permet aussi de maîtriser une nouvelle langue et d'apprendre à se débrouiller par soi-même. Après, c'est vrai qu'il y a des désavantages : on est loin de sa famille, c’est difficile de comprendre et de se faire comprendre. J'ai aussi perdu quelques amis car c'est moins facile de communiquer quand on habite dans un autre pays. » Cette expérience nouvelle lui a permis de grandir : « Je me débrouille comme je peux. Je parle mieux l’espagnol et l’anglais que lorsque j’étais au lycée. Et puis j'ai fait de belles connaissances là-bas. »

Clémence, elle a choisi de suivre son cursus de six ans de vétérinaire en Roumanie : « Partir ailleurs ça nous fait voir à quel point en France on a des à priori sur les étrangers. Je n’aime pas trop voyager pourtant je pense que c'est bien de partir et de voir autre chose que la France, et le système français. On a la chance de voir une autre culture, un autre mode de vie. » Les critiques qu’elle a relevé suite à son séjour ne concernent pas son pays d’accueil : « On est regroupés qu'entre français et si ça ne se passe pas bien, on reste quand même avec ces personnes pendant 6 ans. Et puis, une fois rentré en France, on peut entendre : "Ils ont achetés leur diplôme à l'étranger ils ne le méritent pas". A cause de ça, il existe un risque d’avoir du mal à trouver un emploi. Pourtant les programmes sont les mêmes qu’en France ! » Au contraire, Clémence a un avis positif sur le pays où elle étudie : « Certes, il y a la barrière de la langue mais dans ma fac en Roumanie beaucoup de professeurs parlent français et ils se démènent pour nous tenir au courant de la plupart des informations. Je parle très peu roumain, mais je me débrouille pour la vie de tous les jours. » Même s'il existe quelques inconvénients, Clémence conseille cette expérience : « Au niveau boulot, il faut s’y mettre parce que les professeurs prennent certaines connaissances qu'on n’a pas encore vu pour acquises. Donc il y a pas mal de travail personnel à fournir. Les professeurs sont sympas et ils sont arrangeants avec les étudiants étrangers en ce qui concerne les emplois du temps. Enfin, pleins de choses sont organisés pour les étrangers pour ne pas qu'ils se sentent isolés (comme des réunions avec le consulat). »


Au fil des années, la possibilité de partir étudier ou travailler à l’étranger est entrée dans les mentalités et est devenue de plus en plus accessible. Découvrir une nouvelle culture, faire de nouvelles rencontres, progresser dans une langue, avoir l’atout d’une expérience étrangère dans un CV mais aussi développer certaines qualités (autonomie, maturité, capacité d’adaptation, etc.) sont autant de raisons qui poussent au départ. Les nombreux jeunes avec qui nous avons pu échangé nous ont livré des témoignages d'expériences positives qui peuvent encourager à se lancer dans cette aventure.


(1) Pour le Figaro Étudiant : http://etudiant.lefigaro.fr/orientation/actus-et-conseils/detail/article/74-des-jeunes-francais-veulent-travailler-a-l-etranger-21473/

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