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  • Elvire Colin-Madan

Étudiants du monde : quelle place pour la culture dans votre vie étudiante ?


Crédit photo : Flickr/cc/Luftphilia et ECM

Durant ce dernier mois, j’ai eu l’occasion de voyager et de rencontrer de nombreux étudiants. C’est ce qui m’a amenée à me poser la question suivante : quelle place accordons-nous à la culture dans nos vies étudiantes ? En 2017, tous les jeunes, voyageurs ou non, aiment se divertir et participer à des activités culturelles. Mais qu’en est-il dans le monde ? Leur lien à la culture est-il différent en fonction du pays ? Chacun a un parcours de vie différent. C’est en cela qu’il est intéressant de comparer nos différents liens à la culture. Les pays européens tentent tant bien que mal de nous sensibiliser à la pratique d’une activité culturelle. Mais comme l’accès à la culture n’est pas équivalent pour tout le monde, nombreux sont les pays qui prennent des initiatives pour essayer de résoudre ce problème. Afin d’en savoir un peu plus, j’ai envoyé un questionnaire à des amis étudiants vivant au Brésil, en Allemagne, en Norvège, en Italie ou encore en Egypte afin d’avoir des points de vue différents. Bien sûr ces réponses restent subjectives mais elles nous donnent un avis sur la question, d’autant plus qu’ils ne suivent pas les mêmes filières.



Quelle définition pour la culture ?


Chaque pays a sa propre définition de la culture, c’est pourquoi avant de leur en parler, j’ai demandé aux étudiants de me donner leur propre définition concernant ce terme si difficile à caractériser. Pour Andreas (étudiant norvégien, en école pluridisciplinaire) et Alwine (étudiante allemande, en droit), la définition est similaire. Pour Alwine, la culture regroupe « les musées, les expositions d’art, les discussions politiques, mais aussi les bars ». Andreas complèterait, parce que pour lui cette dernière « c’est à la fois le fait d’observer et d’apprendre tout ce qui implique l’art, la littérature et la musique. » Il rajoute que nous sommes nous-même influencé par nos traditions et que donc c’est une activité culturelle que de faire part d’une communauté. Il dit ça dans le sens où nous sommes nous-même acteur de notre propre culture. Parfois, d’autres activités sont plus importantes dans certains pays. Par exemple, selon Janaina (étudiante brésilienne en psychologie), la culture regroupe aussi bien la musique, le cinéma ou encore la cuisine, tandis que pour Piera (étudiante italienne, en langues) elle concernerait aussi tout ce qui touche « aux habitudes, aux traditions (religieuses ou non), au langage et à la manière de vivre ou célébrer les choses. »



Quelle importance les pays donnent-ils à cette culture ?


Peter (étudiant égyptien, en science politique) nous répond « cela dépend de ce que nous nommons important, et si nous mesurons cela par le nombre d'événements et l'implication de la population dans ces événements. Je dirais que les événements culturels au Caire en Egypte existent à petite échelle, il y a beaucoup d'événements mais comparés à la taille de la population et à la participation d'une classe sociale spécifique, je dirais que ce n'est pas si important dans la société égyptienne par rapport à la société française par exemple. » Parfois, comme en Égypte, la culture prend donc peu de place dans la société. Piera, quant à elle, nous explique que les Italiens « accordent une grande importance aux festivals traditionnels (principalement liés à la religion). Même si de nos jours, on fait face à la perte de l'importance religieuse accordée à ces festivals. Pour la plupart des jeunes, les fêtes religieuses deviennent une occasion de passer du temps ensemble, tandis que les adultes et les anciens ressentent toujours un fort sentiment d'appartenance religieuse. » Ce phénomène de perte de tradition, nous le retrouvons en Allemagne, puisqu’Alwine confirme que la culture n’est pas toujours présente dans le pays : « ça dépend : les musées et la culture historique sont vraiment importants, alors que les danses traditionnelles, les festivités et autres ont presque disparu (seulement pour Berlin et ses environs). » Mais si ces traditions tendent à s’effacer, ce n’est pas toujours le cas comme nous le rappelle Janaina, car au Brésil « la culture est vraiment importante. On a de nombreuses coutumes en ce qui concerne la danse et la musique, connues internationalement comme la « samba » ou les festivals comme le carnaval. »



Quelle place tient cette culture dans vos vies étudiantes ?


Pour Andreas, la culture est très présente dans sa vie. Ayant une mère artiste, il fut assez vite sensibilisé à ce milieu et c’est pourquoi il a choisi de faire ses études dans ce domaine. Il a par exemple étudié trois ans dans une école où la musique était importante, et ça lui a permis de jouer dans plusieurs évènements. Maintenant, il est dans une école qui est très axée sur la culture. Il y étudie la philosophie, les politiques et la littérature. Concernant Jainana, son père était musicien et danseur professionnel, elle a donc toujours été en contact avec la culture. Elle lui accorde actuellement une place modérée car elle est dans un autre pays que le Brésil et que donc elle essaie de découvrir la culture française. Mais même en ayant des liens très fort avec les traditions, être étudiant ne permet pas toujours de conserver ses habitudes. C’est le cas de Piera qui nous explique que l’Italie porte un intérêt certain pour les traditions concernant les nourritures. Elle qui était habituée à se retrouver en famille pour célébrer ces traditions, elle n’accorde actuellement que très peu de place à la culture dans sa vie. En effet, « en étudiant et vivant loin de ma petite ville natale, j'ai dû changer mes habitudes et les adapter à ma vie d'étudiante. D'un autre côté, je n'ai pas eu l'occasion de participer à d'autres activités culturelles qu'une grande ville peut offrir, en commençant par les associations d'étudiants, les groupes de lecture, etc… » Peter rejoint un peu cet avis. Il n’accorde lui aussi que très peu d’importance à la culture car « je n'ai pas le temps de participer à des activités culturelles, à cause de mon master et de mon emploi du temps chargé. J'ai participé à une chorale pour une année complète. Mais depuis, plus rien. »


La plupart du temps, les étudiants partagent ces moments d’activités culturelles ensemble. Janaina, qui est en échange en France actuellement, adore passer du temps avec des Français car ils lui font découvrir « la gastronomie française, des musiques ou le style de vie. » Pour Piera, en Italie « nous lions généralement chaque activité culturelle à un être ensemble et n’avons donc pas d’activité que nous pratiquons nous-même. » Le fait de pratiquer ces activités en groupe ou seul diffère en fonction des activités. Andreas qui pratique la lecture et la musique, est souvent seul dans ces pratiques, mais comme Alwine, quand il sort, pour aller en concert par exemple, c’est souvent avec des amis.



Quels dispositifs sont proposés pour accéder à cette culture ?


Enfin, si ces étudiants n’ont pas tous le même lien avec la culture, c’est aussi car les villes et les pays ne mettent pas forcément les mêmes dispositifs en place. Je trouvais intéressant de voir comment la ville ou le pays communiquait sur la culture. Concernant cet aspect, Janaina trouve que l’université en France donne assez d’informations sur les évènements culturels mis en place (email, papiers…). De son côté, Peter trouve la diffusion des évènements assez moyenne en Égypte : « le marketing des manifestations culturelles sur le campus est généralement médiocre, en Egypte, c'est très rare, en France et en Espagne, c'est généralement à travers des bannières et le site internet. Je sens que les messages ne se propagent pas très bien à travers ces deux outils de communication. » Piera est dans une université orientée vers les cultures étrangères, et c’est pourquoi « je trouve toujours des publicités dans des pièces de théâtre, ou pour des spectacles d’art », mais elle ne trouve pas qu’elle soit si bien informée. Par contre, concernant le pays, elle nous informe qu’il y a eu « une campagne télévisée qui a été menée par de grandes associations ». Cependant, en général « l'Etat n'envoie pas autant d'argent aux petites associations culturelles, donc elles ne peuvent pas grandir de manière cohérente. » En Norvège, les universités donnent « chaque semaine la possibilité d’assister à des conférences. » Andreas ajoute que « l’école tente également de nous faire parvenir des billets pour différents spectacles. » Andreas est donc assez bien informé de ce qui se passe dans la ville, et d’après lui « ce n'est pas très grand et il y a aussi une grande « communauté culturelle », donc il est facile de suivre la plupart des événements. L'école fait du bon travail pour nous informer de ce qui se passe, j'ai l'impression que la majorité des étudiants sont bien informés sur les institutions et les événements qui existent. Je pense que j'assisterais à plus d'événements si j'étais plus informé, mais dans l'ensemble, je suis très satisfait de la façon dont la vie culturelle de la ville est accessible. »


Le principe des réductions étudiantes est très présent dans le monde. En France, Janaina et Peter qui ont étudié à Montpellier, ont pris le pass-culture qui permet d’avoir des réductions sur des activités culturelles comme le cinéma, le théâtre, les concerts, etc. Cependant, Peter précise qu’en Égypte, il n’y a pas de réductions pour les universitaires. En Italie, certains musées offrent des réductions pour les étudiants, d’autres ont des entrées gratuites suivant les études. En Norvège, et précisément à Oslo, il y 10 % de réduction sur une librairie dans la ville et les étudiants en art peuvent avoir un accès gratuit au musée. Donc sur la partie financière, à part en Égypte, on peut quand même noter que les institutions font des efforts pour permettre à tous un accès à la culture.


Enfin, à la question « si vous étiez plus informé, participeriez-vous à plus d’activité culturelles ? », la réponse est toujours oui. Je pense que nous avons un gros travail à réaliser concernant la communication. Que ce soit en France ou à l’étranger, généralement, les étudiants ne sont pas satisfaits. Les réponses que j’ai recueillies auprès des différents étudiants ont permis de voir qu’il y avait des écarts concernant l’accès aux activités culturelles. Dans chacun des pays, on remarque que la place de la culture ne change pas énormément. Certains pays y attachent moins d’importance, alors que d’autres la trouvent essentielle. Mais dès que les universités ou les villes mettent en place des aides, les étudiants en profitent. Globalement, on peut voir que les traditions s’estompent pour laisser place à des activités plus modernes. Et si les étudiants ne prennent plus forcément le temps pour sortir seuls, ils apprécient de sortir avec leurs amis et en profitent pour découvrir d’autres choses.

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