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Pauline Savéant

Les associations étudiantes représentatives : des organisations sous-estimées ?



Lors des dernières élections du CNOUS1 (Conseil National des Œuvres Universitaires et Scolaires) en décembre 2016 le taux de participation était de seulement 7,51%. Ce triste score doit nous décevoir autant que nous alerter. En effet, la majorité des étudiants n’a pas conscience de l’importance de ces élections. Les représentants du monde étudiant sont élus pour siéger dans les conseils d’administration ; ils participent alors à des votes, défendent les intérêts des étudiants, donnent des avis sur la gestion des universités. Nous savons tous que cette organisation démocratique existe dans nos universités, sans pour autant bien saisir leur rôle. Nous avons surtout tendance à ignorer l’influence réelle que leurs interventions ont sur notre quotidien.


Des étudiants sont élus dans plusieurs conseils d’administration, dans chaque cas, pour un mandat de deux ans :

- Celui du CROUS, qui leur permet de participer à des groupes de travail sur diverses questions (hébergement, restauration…)

- Celui des établissements où ils sont invités à intervenir sur leur politique (contrat, budget, règlement intérieur…)

- Et celui de la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire, où ils sont consultés sur le programme de formation des composantes.


Certaines organisations se font appeler « syndicats étudiants ». Mais selon la loi elles ne remplissent pas les critères définissant un syndicat professionnel. Elles n’ont donc pas un droit de grève, elles ne peuvent pas désigner des délégués syndicaux ou signer des accords. Les étudiants ne sont pas considérés comme des travailleurs. Cependant leurs intérêts, moraux et matériels, individuels et collectifs, doivent être défendus. Ces organisations sont des associations, au sens de la loi de 1901, avec une vocation représentative. Elles s’identifient pourtant aux valeurs des syndicats professionnels (donc aux droits sociaux). Ce statut complexe des associations est expliqué par l’avocat en droit social Thibault Pinatel dans sa thèse « les organisations étudiantes à vocation représentative. »2


Il existe plusieurs associations représentatives en France pour garantir la pluralité des opinions des étudiants. Et rien de mieux pour montrer cette diversité que de s’adresser directement à des étudiants membres de ces organisations.


Anaïs, une étudiante en médecine à Marseille, a siégé au conseil d’administration du CROUS entre 2014 et 2016. Elle faisait alors partie de l’association FAMI Inter’asso (adhérant à la FAGE) de l’université d’Aix-Marseille : « c’est une association étudiante apartisane dans laquelle chacun a ses propres opinions politiques. C’est ce qui m’a attiré en premier : je trouvais qu'être apartisan permettait de mieux représenter l'ensemble des étudiants et donc l'ensemble de leurs opinions. » Anaïs confie que son adhésion s’est faite « totalement par hasard, au détour d'une rencontre avec un autre élu qui cherchait de nouveaux étudiants pour les prochaines élections académiques. » La vision de Nesrine, étudiante en licence d’histoire à Aix-en-Provence, est totalement différente puisque son association porte une couleur politique. Elle fait partie de l’UNI (Union nationale interuniversitaire) : « c’est une association de droite, créée en 1969, qui défend la liberté d'étudier, le mérite ainsi que l'excellence. Son objectif est d'améliorer au mieux les conditions de vie de l'étudiant. » En ce qui concerne la raison de son adhésion, Nesrine dit avoir rejoint l’UNI « par conviction et parce que je me retrouve dans les valeurs que l'UNI prône. Je suis attachée à une certaine idée de l'université. Une université qui repose sur la méritocratie, la sélection, l'excellence. Ce sont ces éléments qui m'ont véritablement poussée à m'engager dans une association étudiante. »


Quelle est la visibilité de ces organisations représentatives ? Certaines le sont par leurs actions, par leur publicité dans les locaux des facultés. Par exemple, Nesrine évoque l’organisation « de réunions où nous parlons de nos actions (conférences, les forums des métiers, les pétitions, les meetings…). » Il est vrai que certaines sont moins flagrantes, mais certainement pas moins importantes ! Beaucoup d’étudiants ne se rendent pas compte que de nombreux changements ont été en grande partie portés par les associations. Nesrine raconte alors que « lorsque l’UNI est représenté dans les différentes instances administratives il est possible d'obtenir des changements concrets. Par exemple, grâce à nos élus en 2011, nous avons pu obtenir la réhabilitation des locaux de la faculté de lettre (projet campus) d’Aix-en-Provence. » Anaïs a justement été une représentante des étudiants et peut aussi témoigner des améliorations portées par les élus lorsqu’elle siégeait au conseil d’administration du CROUS : « au niveau de l’académie, nous avons permis, par exemple, la diversification de l’offre en cafétéria et restaurant universitaire. Mais nous avons défendus les intérêts d’étudiants à une échelle plus réduite. Je pense notamment au dédommagement des étudiants de la résidence sainte Baume pour cause de coupure d’eau chaude. »


Anaïs et Nesrine sont conscientes et déplorent le peu d’attention portée par la majorité des étudiants aux élections. L’étudiante en histoire pense que « c’est souvent par manque d'intérêt. Et c'est ce qui peut parfois expliquer que peu de gens connaissent nos actions. Je pense qu'il est du devoir de l'étudiant de se renseigner à propos différents organismes, associations qui existent sur son campus. » Elle ajoute que c’est regrettable parce que « les associations étudiantes, celles qui sont représentées du moins, sont des intermédiaires et peuvent faire pression pour améliorer au mieux les conditions de vie de l'étudiant auprès de l'administration ainsi qu'au niveau gouvernemental. » Environ 10% des étudiants de l’académie ont voté l’année où Anaïs a été élue représentante au CROUS et « ça n’a pas de conséquences sur la voix que l'on peut avoir en conseil d’administration. » Autrement dit, leur représentativité et leur légitimité ne sont pas remises en cause par le faible taux de participation. Elle ajoute que « les associations étudiantes font un boulot monstrueux. Cependant, peut être qu'un meilleur dialogue entre associations ou la mise en place d'une fédération serait peut être bénéfique pour les organisations et leurs actions. »


Depuis les élections du CNOUS en 2016, la FAGE est devenue la première organisation représentative d’étudiants et a détrôné l’UNEF. Cette dernière se présente comme un syndicat et continue de se revendiquer « première organisation étudiante de France ». Il est vrai que l’UNEF est l’association qui a le plus de visibilité. Tout d’abord, ses membres viennent lors des rentrées universitaires pour rappeler l’importance des actions que mènent ces représentants du monde étudiant. L’UNEF est aussi une association qui a une visibilité médiatique puisqu’elle est souvent présente au côté de la CGT et FO lors des manifestations à Paris, comme récemment contre la loi travail. Assez régulièrement, le reproche lui a été fait d’être trop politisé, trop proche de certains représentants de la gauche. L’UNEF a été qualifiée par certain de « pouponnière » des socialistes. Mais la visibilité ne fait pas tout et l’association créée en 1907 a perdu son historique première place.


Il ne faut pas sous-estimer le rôle de ces associations. Elles ont réellement permis de changer le quotidien des étudiants. Qu’importe la question de la visibilité, le plus important est qu’elles fassent avancer les choses. Alors pour que la représentativité et la pluralité des étudiants continuent d’exister et soient renforcés, PEPA ne peut que vous invitez à aller voter aux prochaines élections. Pour l’académie d’Aix-Marseille, elles auront lieu les 20 et 21 novembre prochains pour renouveler les étudiants-représentants au Conseil d'Administration et à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire3.

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