Ce n’est qu’en 1992 que les états ont reconnus l’existence d’un changement climatique d’origine humaine, à l’occasion du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro. L’ONU a alors mis en place une convention qui réunit la plupart des pays du monde. Leurs représentants se rassemblent une fois par an depuis cette date lors des « Conferences Of the Parties ». Le 6 novembre dernier s’est ouvert la 23e COP organisée par les îles Fidji, à Bonn en Allemagne pour des raisons logistiques. Son but est d’engager des négociations sur les règles d’application de l’accord de Paris signé en 2015 lors de la COP21. Cet accord porte de nombreux espoirs. Ce projet exceptionnel a en effet réussi à mettre d’accord la quasi-totalité des états du monde sur la nécessité de préserver notre planète. Son application n’est prévue que pour 2020 car ce programme mondial de politique écologique a besoin de beaucoup de temps pour se mettre en place. Il a introduit une nouvelle dynamique dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les nombreuses catastrophes naturelles survenues cette année et tous les signes montrant que le réchauffement de la surface de la terre est une réalité ont accentué le sentiment d’urgence. Les négociations de la COP23 se sont conclues ce vendredi 17 novembre 2017. Il a été décidé que fin 2018 un bilan collectif des émissions de gaz à effet de serre sera dressé. Le but est d'encourager et aider les pays, sur la base du volontariat, à revoir leurs engagements qui sont actuellement insuffisants pour maîtriser le réchauffement global. A la COP24, qui se déroulera en Pologne en décembre 2018, le dialogue donnera lieu à une phase politique au niveau ministériel.
Mais pendant ce temps-là, l’état de notre planète va continuer de se dégrader. De nombreuses études scientifiques ont été réalisées pour prévenir les citoyens du monde de cette situation critique. Une des plus récentes date du 31 octobre dernier. Il s’agit du rapport annuel sur l'action climatique mondiale publié par l’ONU. Ce document montre que les engagements actuels pris par les Etats sont insuffisants pour limiter l’augmentation du réchauffement climatique à 2°C d’ici la fin du siècle. Un autre exemple est le rapport publié en octobre 2017 dans la revue médicale britannique The Lancet. Il explique que la hausse des températures a déjà des conséquences sur l’organisme de certains individus et peut, entre autre, aggraver des insuffisances cardiaques. Il faut aussi avoir à l’esprit les résultats alarmants sur la biodiversité. Beaucoup d’études ont été faites sur différentes espaces animales, comme celle réalisée sur le déclin des insectes volants en Europe par la revue scientifique Plis One. Toutes ces publications sont des prévisions qui peuvent nous permettre de prendre conscience de la voie dangereuse que l’Homme fait prendre à la planète et à l’humanité. Notons alors le cri d’alarme venant de la communauté scientifique publiée ce lundi 13 novembre dans la revue BioScience. 15 000 scientifiques ont signé cet appel pour nous mettre en garde contre une dégradation des conditions de vie de la Terre et un déclin des bienfaits de la nature. Ils rappellent qu’il faut agir au plus vite !
Les habitants du monde peuvent voir de leurs propres yeux les changements climatiques. Certains se sentent plus concernés que d’autres, parce qu’ils vivent dans des espaces directement menacés par la hausse de la température terrestre. C’est ce qui explique la forte augmentation depuis quelques années des migrations climatiques. En effet, chaque année près de 26,4 millions de personnes quittent leur habitation à cause d’une catastrophe naturelle brutale. C’est le cas du Bangladesh, un des pays le plus touché par la montée des eaux. Les populations voient peu à peu disparaître certaines terres. Elles sont également gravement menacées par une crise alimentaire et connaissent de grandes difficultés en ce qui concerne l’accès à l’eau potable.
C’est certain, la situation est très alarmante, surtout pour ces populations dont la vie est directement menacée. Mais tout espoir n’est pas perdu grâce notamment aux nombreuses initiatives qui fleurissent un peu partout dans le monde pour sensibiliser et lutter contre les effets du changement climatique. Ces mobilisations viennent beaucoup de la société civile. Des rassemblements ont souvent lieu en marge des COP. Les participants réclament des actions plus fortes pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. Des manifestations ont eu lieu l’an dernier lors de la COP22 de Marrakech. Le 13 novembre 2016 les participants ont dénoncé l’action du régime marocain qui ne respecte pas la justice sociale. Pour eux, cela montre qu’il ne respectera pas non plus la justice climatique et que l’argent de la COP22 a été gaspillée. D’autres évènements dénoncent les politiques polluantes des états qui s’attaquent au réchauffement climatique mais qui continuent à polluer la planète par leur activité. C’est le cas du rassemblement du 4 octobre 2017 à Bonn en marge de la COP23. Il s’agissait ici de dénoncer l’utilisation des énergies fossiles par l’Allemagne et plus particulièrement du charbon. Dans la continuité de cela, de nombreux activistes ont manifesté le 5 octobre devant la mine d’Hambach, située à 50km de Bonn.
Il y a bien entendu beaucoup d’autres démarches qui témoignent de l’engagement des habitants du monde dans la lutte contre le changement climatique. Mais c’est impossible de faire une liste tellement ces initiatives sont multiples et de natures très différentes ! Climate Heroes essaye de montrer cette diversité des actions pour la planète. Ce projet photographique et multimédia, indépendant, à but non lucratif, veut sensibiliser au changement climatique. Il a été créé en 2010 par trois photographes. Le site internet présente et centralise plusieurs histoires de femmes et d’hommes dont le point commun est de vouloir faire prendre conscience du réchauffement de la planète. Ce sont des témoignages positifs qui peuvent inspirer le plus grand nombre. Les initiatives présentées sont à plusieurs échelles, allant de petites actions (comme le militantisme de Jintana Kaewkao en Thaïlande) jusqu’aux grandes organisations qui peuvent remettre en cause des modes de vie (Isatou Ceesay apprend aux femmes en Gambie à recycler les produits plastiques). Ces héros du climat sont de tous les horizons (Ivonne Baki par exemple est l’ambassadrice de l’UNESCO pour l’Equateur), de tous les milieux (Duong Van Ni au Vietnam est professeur à l’université et il aide les agriculteurs à s’adapter au changement de la salinité de l’eau dans le delta du Mékong) de tous les âges (la thaïlandaise Jintana Kaewkao est une mère de famille d’une cinquantaine d’années et Karm Solar est un jeune égyptien de 33 ans). Ces personnes sont des modèles ou des sources d’inspirations qui font part de leur savoir, qui partagent leurs inquiétudes et ainsi peuvent susciter une réflexion et des nouvelles actions. Par exemple, Climate Heroes présente la ferme normande de Perrine et Charles Hervé-Gruyer. Ce couple produit des fruits et des légumes selon les principes de la permaculture, c’est-à-dire que la nature est prise comme modèle et que la biodiversité est respectée. Ils n’utilisent aucun produit chimique ou machine agricole. Le couple obtient ainsi des récoltes abondantes et de bonne qualité. Ils incarnent une nouvelle manière d’être agriculteur au 21e siècle et ils proposent un modèle qui est efficace économiquement, socialement et bien entendu écologiquement.
La plupart des habitants du monde mesurent l’urgence de la situation et s’engagent de plus en plus pour suivre la dynamique engagée par l’accord de Paris avant même que les états ne le mettent en œuvre. Les démarches et rassemblements qui viennent d’être présentés sont la preuve que tout le monde peut commencer dès aujourd’hui à s’engager pour préserver notre planète.